jeudi 15 mai 2014

Comment faire progresser le VTT Auvergnat ? Bilan après 2 manches régionales

2 coupes régionales viennent de se dérouler, il est temps de faire un peu le point sur ce qui pourrait permettre au VTT de progresser. Voilà maintenant plusieurs saisons que l'on peut dire que le VTT Auvergnat "survit" et pourtant qui d'autre peut se vanter d'avoir un terrain de jeu comme le notre avec du relief à foison et des sites qui ont déjà accueilli des manches de Coupe de France (St Flour en 2006 et 2007, Super-Besse en 2010, 2011, 2012 et 2014) ou des Championnats de France (Le Lioran en 1998) ? Petite analyse du pourquoi comment et que pourrait-on faire...

Il est malheureux de voir que les organisateurs ont du mal à réunir plus de 60-80 participants toutes catégories confondues. Certaines catégories sont plus touchées que d'autres. Les plus fournis sont les cadets et les masters1-2 (environ 20 coureurs), alors que les juniors/espoirs/séniors rassemblent rarement plus de 5-10 coureurs par catégorie et on se demande même parfois si le podium sera complet ! Il est bon de rappeler qu'un titre départemental ou régional n'est remis que si 3 coureurs de la catégorie terminent la course. A titre d'exemple, lors de la coupe d'Auvergne de Volvic servant de support pour le championnat départemental 63, seul 3 espoirs ont terminé la course et malheureusement pour le vainqueur, il n'a pas obtenu de titre car seulement 2 étaient du Puy de Dôme.

Attention, mon article n'a pas une visé "critique", mais correspond simplement une réflexion pour comprendre ce qui ne va pas et donner ma vision. On me classe souvent dans les râleurs, ce que je suis, mais ici je ne râle pas, je m'interroge.

Quelques pistes à explorer :

- le parcours :

C'est la grosse évolution de ces dernières années au niveau national et international. Plutôt que de proposer des boucles longues d'une 15aine de kilomètre à parcourir 3 fois pour les séniors comme il y a une dizaine d'année, la FFC propose maintenant des circuits beaucoup plus court d'environ 5km qui permettent aux spectateurs de nous voir passer de nombreuses fois. Le kilométrage a été réduit tout comme les temps de course, les parcours sont de plus en plus engagés, c'est médiatique c'est certain... mais par contre attention : ce genre de circuit attire les compétiteurs purs et durs ! Faire plusieurs heures de trajet pour rouler 1h30 dérange toujours plus que si les temps de course fleurtent les 2h ou 2h15. Les autres vttistes qui ne sont pas là pour la performance n'ont pas envie de tourner en rond. D'un autre coté ce sont les spectateurs qui sont lésés si la boucle est trop longue. On l'a vu pour Marcolès : 3 boucles, et les spectateurs/accompagnateurs s'ennuient en bord de piste, mais pour les coureurs ce n'est pas trop répétitif.
Alors comment faire pour que tout le monde soit content ? Pour concilier les 2, le règlement FFC Auvergne demande aux clubs de favoriser les parcours de type "trèfles". Ce n'est pas simple à mettre en place, mais c'est une bonne option pour concilier l'attrait médiatique et l'attrait sportif. En plus cela permet d'adapter les temps de course en ajustant suivant les feuilles du trèfle. Volvic permettait quelque chose dans le genre, avec un passage non loin de la ligne d'arrivée où les accompagnateurs pouvaient voir passer les coureurs.
Les courses type "point-to-point" (Sancy Verte, Pastourelle, Roc Laissagais, Raid Offroad) vont attirer une masse de coureurs qui ne sont pas là que pour la performance, mais aussi pour découvrir une région et partir à l'aventure. Ces formats longs rassemblent compétiteurs et randonneurs, donc ils touchent évidemment bien plus de monde.

Étant "compétiteur", j'avoue que les formats courts ont ma préférence. Une course avec 5 ou 6 tours ne me dérange pas, mais combien sommes-nous dans ce cas ? Sans tomber dans l'excès, 7-8km semble un bon compromis, ce qui permet de proposer 4 ou 5 tours pour les catégories adultes, mais ce n'est que mon avis.
Une interrogation : la coupe d'Auvergne ne pourrait-elle pas intégrer une manche un peu différente, comme pourquoi pas La Sancy Verte ? cela ajouterait une date, diversifierait les parcours... le Roc d'Azur faisait bien parti de la coupe de France XC il y a quelques années...

- fidéliser les coureurs :

J'ai découvert ça en Champagne. Il suffit de conserver une date ou un lieu d'une année sur l'autre pour une organisation et de conserver aussi une bonne partie du parcours pour que les coureurs sachent sur quoi ils s'engagent.
C'est plus facile de savoir que le dernier samedi du mois de mai il y a un rendez-vous incontournable (la Pastourelle), ou le dernier dimanche d'aout (La Sancy Verte), et cela depuis des années ! Les participants savent sur quoi ils se lancent, ils connaissent une partie du parcours qui évolue légèrement d'une année sur l'autre pour conserver une part de surprise. Je comprends qu'il soit difficile d'avoir une date fixe surtout que les clubs ne renouvellent pas forcément leurs organisations d'une année sur l'autre, mais dans ce cas, il serait peut être possible d'alterner un an sur 2 afin d'avoir un roulement. Le calendrier est ainsi pratiquement connu d'une année sur l'autre par les coureurs qui peuvent planifier leur saison et montrer leur fidélité à une épreuve en revenant l'année suivante.
Attention, il y a aussi les joies des modifications des dates du calendrier national...donc une part de malchance entre en jeu. Mais même si les dates ne sont pas strictement identiques d'une année sur l'autre, le site de la course peut l'être. Un club qui aura monté une belle épreuve verra certainement le bouche à oreille faire venir un plus grand nombre de participant l'année suivante. C'est un argument à mettre en avant pour convaincre les clubs organisateurs de renouveler leurs épreuves. On le voit en Ufolep avec Fourilles, Noyant, Les Réaux, La Roche Noire...et pourtant on ne peut pas dire que ce soit la qualité des parcours qui construisent le succès de certaines de ces courses de début d'année...simplement un parcours connu et une date qui varie peu.

- être présent et jouer le jeu : 

Je trouve tout de même dommage de voir des coureurs qui ne se déplacent pas sur certaines manches sous prétexte qu'il y a une organisation dans un comité voisin qui leur fait gagner quelques litres d'essence ou qui soit disant propose une meilleure prestation. On entend aussi certains dire qu'ils ne viennent pas car il y a trop peu de coureur et donc peu de rivalité... Combien de fois j'ai répondu que si tout le monde disait ça, c'est sur que personne ne viendrait ! Si les licenciés auvergnats jouaient le jeu de la fidélité, les organisateurs retomberaient sur leurs pieds et seraient encouragés pour organiser une nouvelle manche. Et s'il y a des défauts sur la course, il suffit de donner un retour pour que les clubs puissent améliorer leur évènement d'une année sur l'autre. La Pastourelle propose un questionnaire de satisfaction par exemple... Les moyens de communication actuels pourraient être utilisés pour réunir les impressions des coureurs par l'intermédiaire des clubs qui feraient le relai ensuite.

- promouvoir le calendrier et les courses : 

Là aussi il y a des efforts à faire pour que les gens soient au courant du calendrier. L'effort passe par la presse, internet, les clubs, les professionnels du cycle. Je reprends les mêmes exemples, mais retournez chez votre revendeur favoris et vous trouverez certainement une affichette pour la Pastourelle ou la Sancy Verte, un flyer pour la rando du coin... mais pas sur que vous trouviez l'annonce de la future manche régionale !
Un article dans la presse régionale la semaine précédent la course, un autre les jours qui suivent l'organisation pour annoncer les résultats : Marcolès a parfaitement utilisé ce média. Les organisateurs ont créé une page facebook et même diffusé une annonce via la radio locale !
Autre exemple, le comité du Gard a mis les petits plats dans les grands pour promouvoir son challenge départemental : http://www.challengegardoisvtt.fr/
La plaquette et le site internet présentent chaque détail des courses : lieu, horaires... toutes les info dont auraient besoin les coureurs pour planifier leur saison et leur donner l'eau à la bouche !

- encourager les coureurs à se battre pour progresser sans multiplier les catégories :

Cela ne tient qu'à moi, mais je suis contre la multiplication des catégories. A mon époque, celle où j'avais des cheveux (ce n'est pas si vieux, non non !), c'est le scratch qui prévalait sur le classement par catégorie. Maintenant on oublie le scratch pour créer 3, 4 voire 5 vainqueurs différents ! Le règlement auvergnat se base sur celui de l'UCI pour les catégories Master par exemple, alors que même la coupe de France ne l'utilise pas ! Au lieu d'avoir 3 coureurs par catégorie de 5 ans, mettons en 6 par catégorie de 10 ans ! L'organisateur économise des récompenses, les classements font moins pauvres et la victoire prend de l'importance...alors après il y a toujours les mécontents qui disent qu'un coureur de 40ans ne peut pas rivaliser avec un de 30ans... je répondrai que même chez les cadets, 1an de différence est énorme ! et il faut bien se fixer des limites.
Petite erreur : les catégories Masters sont bien par tranche de 10 ans, et non de 5 ans comme j'en avais le souvenir (l'an dernier ou il y a 2 ans ?).
Alors même si on ne récompense pas le scratch avec des dotations, pour une meilleure visualisation des résultats, il suffirait simplement d'appeler les 5 premiers coureurs de chaque "course". Par exemple les 5 premiers qui ont fait 2 tours, les 5 premiers qui ont fait 3 tours. Et ensuite on revient aux catégories pour encourager les coureurs par différence d'âge, vue que la multiplication des catégories en est le but.
Pourquoi cela ? médiatiquement ce serait plus visuel et plus crédible que de voir que le 2ème sénior pointe à 20min, alors qu'entre eux deux, il y a 5 ou 6 coureurs d'autres catégories. Cela donne aussi de l'importance au vainqueur, qu'il soit espoir, senior ou master. Et dernier point, cela encourage la bagarre pendant la course et donc l'élévation du niveau des coureurs.

 - ouvrir le classement général de la coupe régionale aux coureurs de comités extérieurs :

 Autre point qui permettrait de faire progresser le niveau et d'attirer des coureurs : accepter d'ouvrir le classement d'une coupe régionale aux coureurs venus de comités voisins. Un étudiant vivant à Clermont et licencié dans le Limousin viendra plus facilement sur l'intégralité de la Coupe régionale s'il sait qu'au final il peut jouer le classement général. C'est une façon de fidéliser les coureurs extérieurs au comité d'Auvergne. Si on regarde la coupe de France, les étrangers ont bien leur place sur le classement général. Cela toucherait probablement peu de coureur, mais en grappillant un peu partout, c'est comme cela que l'on arrivera à avoir une grille de départ plus importante.
Pour aller encore un peu plus loin, pourquoi ne pas essayer de s'entendre avec la fédération Ufolep des différents départements auvergnats ? Il me semble qu'il y a déjà une certaine logique dans les 2 calendriers qui évitent de se chevaucher. Donc comme pour le cas des coureurs de comités extérieurs, laisser les coureurs Ufolep figurer sur les classements et travailler ensemble pour montrer qu'il n'y a qu'un pas entre les 2 fédérations et que les coureurs sont les bienvenus d'un coté comme de l'autre. Mais là je pense que je me brule les ailes car une fédération n'est pas l'autre...et il serait trop simple pour un coureur de choisir la licence la moins chère et de bénéficier des avantages de l'autre fédération...

- autoriser la défaillance ou l'absence avec un joker :

Les jokers ont été abandonnés en Auvergne afin d'"obliger" les coureurs à se rendre sur toutes les manches... C'est une façon d'attirer du monde, c'est sur, mais aussi de décourager ceux qui savent qu'ils vont louper une manche au court de la saison. Sur 4 ou 5 manches, en louper une est synonymes d'absence sur le devant du classement général, donc celui qui abandonne à la première manche ou qui ne pourra se déplacer sur une autre manche aura moins d'intérêt à traverser la région pour une autre manche, CQFD... On veut forcer les gens à venir, mais au contraire on en décourage peut être davantage !
Une autre solution : donner un bonus (minime) aux personnes qui auront participé à toutes les manches ? Une victoire vaut 30 points, un abandon rapporte 2 points, donc pourquoi ne pas également donner quelques points pour encourager la fidélité ?

- Price money ?

Je ne suis pas vraiment pour la mise en place de grille de prix sur les compétitions VTT. C'est le meilleur moyen d'attirer les personnes malhonnêtes sur les courses, d'inciter à la triche ou à l'agressivité. Et c'est une dépense de plus pour les clubs organisateurs. Malgré tout, c'est un bon moyen d'avoir quelques coureurs en plus. On voit des coureurs se battre sur les cyclo-cross pour 2 ou 3 euros de prime et pour ça ils n'abandonnent pas, ils terminent la course. Les remises des prix sont brèves, le premier repart avec sa coupe et parfois un bouquet, mais les coureurs reçoivent leur prime en fin de saison. Ce point est délicat mais s'il faut en arriver là...
Autre solution, comme ça se fait à la Sancy Verte, rétribuer les coureurs avec des bons d'achats. Ce n'est pas de l'argent liquide, mais c'est tout comme, et cela coute moins cher au club qui peut négocier avec les sponsors.
Mais on ne vient pas sur une course pour gagner un peu d'argent... on vient avant tout pour se faire plaisir et progresser et il ne faut pas que l'argent devienne la carotte du VTTiste.
Volvic a montré qu'il ne fallait pas grand chose pour faire une belle remise des prix : quelques bouteilles de vin (attention, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé...), des lots pour les plus jeunes et des bouquets ! Aucune coupe ramasse poussière mais qui s'en plaindra ? Je dis bravo !


- Conclusion

Vous remarquerez que certains de ces points ne demandent aucun investissement, simplement une légère modification du règlement (joker, promouvoir le scratch, ouvrir le classement). Pour les autres, c'est sur qu'il y a un investissement humain à faire, que ce soit au niveau des coureurs, des clubs ou de la fédé.

3 commentaires:

  1. Je partage beaucoup de tes remarques concernant les classements au scratch plutôt ques les catégories d'âge...Je suis également pour le price money( on a été précurseur à Pérignat en donnant des primes). Je pense que le problème est du côté du comité qui considère le vtt comme un sport loisir qui permet de développer son habilité et sa vélocité avant de passer à la route...On voit bien la différence avec le comité du Limousin qui est à fond derrière le vtt. Tant qu'il n'y aura pas une volonté politique du comité de reconnaître le vtt comme une discipline à part entière, on sera toujours à la remorque...A moins que les organisateurs ne se lient pour former comme en Aquitaine le challenge MASSI OPEN XC qui regroupe aujourd'hui 9 épreuves avec un cahier des charges harmonieux...Merci Anthony de lancer ce débat.....A suivre

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    1. Malheureusement je crois que ce n'est pas qu'au niveau du comité que le VTT passe pour un sport loisir. Moi je dis souvent "vous savez le vélo qu'on pratique l'hiver, pour patienter avant la saison de route". Plutôt que d'attendre une réaction du comité, c'est peut être à nous les coureurs de montrer que nous valons la peine que quelqu'un se penche un peu sur notre discipline ? ça fait peut être un peu vieillot, mais elle est où l'époque où on avait 8 manches de coupes régionales, 10 épreuves départementales Ufolep et le reste de magnifiques organisations : transcévenoles, traversée des sucs, échappée printanière, defi mode classic, montée infernale du plomb du cantal, courses de 4h par équipe...? on n'avait pas besoin de parcourir la France pour courir il y a 10ans de ça.

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    2. En te lisant, je m'aperçois qu'en dix ans peu de choses ont évolué ; toujours les même réflexion à propos des parcours, favorise t'on le coureur ou le public , il faut tout d'abord se dire qu'être coureur impose l'acceptation de certaines choses sinon, faisons de la rando.
      Les belles organisations perdurent grâce à l'investissement d'un groupe motivé qui se donne à fond pour une organisation de qualité et les coureurs les en remercient par leur présence et à un moment ou un autre, c'est au détriment d'une organisation de moindre qualité voisine ; difficile d'être partout à la fois.
      Ceux qui s'en donnent la peine nous sortent des courses au top, varient leur circuit mais les autres peuvent aussi s'améliorer.
      Même chose pour la promotion et la pub, si tu fais le minimum, comment veux tu que l'on soit informé.
      Depuis toujours, les catégories multiples ont fait jaser ; c'est une aberration ce passage à la catégorie master à l'âge ou elle est ; les gars sont encore en pleine forme et pourrait encore concourir en senior ; ça c'est une affaire de gagne petit et je dis haut et fort, le classement, c'est le scratch !
      Je partage ton avis sur l'ouverture à tous de la coupe d'auvergne et à l'heure de l'informatique, c'est quand même pas difficile de sortir les auvergnats du lot et encore là, du scratch !
      bonne l'idée du bonus en cas de défaillance.
      Pour les grilles de prix, nous avions mis ça en place au VCCA mais on ne peut pas dire que nous ayons eu plus de monde grâce à ça ; le seul bénéfice et c'est dans cet esprit que nous l'avions fait, c'était d'aider un peu ce qui bougeait beaucoup.
      Pour les autres formes de récompense, tout est histoire de motivation des organisateurs.
      Pour conclure, nous avons eu la chance de vivre peut être les plus belles années ; après le vététiste est toujours un vététiste pas toujours facile à gérer ; il y a les purs et durs, les coureurs, les vrais et d'autres qui ont des exigences pas tout à fait à la mesure de leur niveau.
      C'est le VTT .
      En regardant le départ des juniors à Lons je me suis dit : c'est pas beau ces jeunes loups qui vont en découdre ; nombreux, motivés ça fait plaisir à voir mais pour ce qui est de certains comités et même de la fédé : mais ils s'en tapent du VTT . heureusement que nous avons eu des champions olympiques, de beaux résultats en mondial et que quelques un recyclés sur la route font de beaux résultats sinon on en parlerait même pas.
      Amicalement et vive le VTT

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