dimanche 21 mai 2017

Pastourelle à Salers : ils avaient juste plus envie que moi de gagner

Il y a des courses qu'on ne louperait pas. Des courses régionales qui nous tiennent à coeur et où on met un point d'honneur à être présent chaque année. Ma première participation à la Pastourelle remonte à 2002... 15 éditions que je traîne mes cales à Salers, 12ème podium, 8 victoires, 14 fois à l'arrivée (1 annulation). Cette 19ème édition avait un goût un peu spécial : pas de pression comme les autres années, pas de préparation. C'était comme si je partais en sachant que de toute manière je n'y allais pas pour gagner et car elle ne me revenait pas. Je n'avais simplement pas l'envie de me faire mal... et de cette manière on ne peut pas gagner !

Pour changer des habitudes, commençons par le résultat : 3ème. Me voilà maintenant en possession d'un format de cloche (trophée spécifique à la Pastourelle et qui remplace à merveille la traditionnelle coupe sur les autres courses) que je n'avais pas. Si on s'arrête là, ok c'est pas si mal un podium. Mais quand on a gagné 8 fois, on est forcément déçu de rater la première marche 2 année de suite.

Attention, je ne cherche pas d'excuse. Je trouve des explications pour me persuader que finalement il faut se contenter de cette 3ème place et pour garder une motivation intacte pour la suite.

L'avant course :

Je l'ai déjà dit mais pour cette saison 2017 j'ai besoin de laisser du temps entre chaque objectif car le corps et le mental n'ont plus envie de se donner à fond chaque week-end comme j'ai pu le faire il y a quelques années.
Après Chamberet il y a 15 jours, il a fallu faire un break de quelques jours avant de recommencer en douceur. Laisser le corps digérer la première partie de saison nationale et régler des détails qui rendaient mes sorties d'entraînement bien désagréables étaient essentiel. Rendez-vous pris avec l'ostéo la veille de la course... déjà c'est pas très rassurant et l'énergie puisée dans cette séance ne laisser rien envisager de bon. Pas grave, l'essentiel était ailleurs : remettre le corps en marche pour préparer la fin du mois de juin.
En effet, mes objectifs sont sur le XCO, un format de course bien différent de cette Pastourelle. Je m'entraîne pour être efficace sur 1h20, pas sur 3h...Ma dernière sortie (route) de plus de 3h remonte au 22 février !

Comme en 2013 quand la course avait du être annulée pour cause de conditions météorologiques extrêmes (les secours n'auraient pas pu intervenir en cas de problème), les températures ont chuté de 20°C en 2jours et la neige a recouvert le Puy Mary ! Drôle de sensation quand on passe le matin sur une route laissant la voie à un seul véhicule avec le thermomètre qui affiche 2 petit degrés. On arrivera jusqu'à Salers sans difficulté, mais beaucoup ont du faire demi-tour.
Les pluies de la veille et l'avant veille ont détrempé le terrain, on s'attend à une course très difficile entre le froid et la boue.

La course :

Echauffement minimaliste pour un rendez-vous à 9h sur la place du village pour la présentation de la course. On rejoint ensuite en convoi le "vrai" départ 4km plus bas dans la vallée à St Paul de Salers. Pas cool de voir comme chaque année les mêmes coureurs qui ne respectent pas cette tradition et se rendent directement en bas sans passer par le village. Les organisateurs le disent : les plaques doivent être validées en haut en passant sur la cellule ! Si tout le monde faisait ça...

Ma grosse interrogation repose sur ma tenue : quoi mettre ? Il fait froid mais on attaque directement en bosse et j'ai peur de trop me couvrir. Je mets des manchettes, mais les retire. Les gants : je mets des longs mais j'ai du mal à sortir la nourriture de mes poches, du coup je passe sur des gants courts. Ce sera à mon avis les 2 grosses erreurs qui me coûteront beaucoup d'énergie...et peut être un meilleur résultat ?

Au coup de sifflet les 400 concurrents sont lâchés pour 65km annoncés (56 réels au compteur). Je passe devant pour faire un train et étirer le peloton. Je ne m'affole pas et reste à bon allure juste pour essayer de faire sortir Eric Vialat avec moi. Je vois bien qu'il coince et je ne peux pas me permettre d'aller plus vite sinon je risque de me retrouver seul et ce n'est pas ma tactique du jour. A sa hauteur je lui glisse "on se refait le sprint comme à Marseille ?". Il a bien compris ce que je veux dire et c'est clair dans ma tête : si je ne suis pas venu pour gagner, c'est parce que j'ai comme quelque chose à lui rendre pour le remercier de son fair play. J'ai donc décidé d'accompagner Eric (si j'y arrive) et de ne pas lui disputer la victoire.

Malheureusement, malgré un rythme que je considère de 80%, Eric ne supporte pas trop les départs et Vincent Pagès rentre sur nous. Vincent va attaquer à plusieurs reprises et à chaque fois je ramène Eric. Preuve que nous roulons moins vite, nous passerons avec 2min de retard aux sources de la Maronne (35min de course) par rapport aux années précédentes. Mais à un moment il faut choisir : laisser sortir Vincent seul ou tenter de jouer la victoire. Je choisis la 2ème option : je mène donc dans le portage jusqu'à Impramau. Puis Vincent me passe dans la descente. Je ne veux pas prendre de risque, combien ont perdu la course ici suite à une crevaison ou un bris de chaîne ? Hein David ;) Vincent me prend donc quelques mètres dans chaque descente, il roule fort, pas très propre et pour moi le jeu n'en vaut pas la chandelle : tant pis je ferai des efforts pour revenir sur lui dans les bosses.
Après 1h15 de course je commence à avoir très froid. Les avant-bras sont rouges, je secoue mes mains pour retrouver des sensations aux doigts. Les descentes deviennent des galères, je suis trop raide et je commets des erreurs. Le moral en prend un coup.

Vincent voit bien que je reviens dans les bosses et à chaque fois que je rentre il coupe son effort. Ma seule chance pour jouer la victoire est d'être avec lui dans la dernière montée car ensuite il n'y a plus de descente...  donc je dois moi aussi m'économiser. Mais ce petit jeu va nous desservir : Eric refait rapidement son retard et le voilà avec nous après 2h de course. Il a tombé sa veste et semble tout frais pour la suite.

Je continue de lâcher des secondes en descente mais je bouche à chaque fois le trou. Eric me semble très bien, Vincent aussi, et moi je me bats pour rester avec eux... ça ne sent pas très bon !

La dernière longue montée sera le juge de paix : Eric sort au train et s'envole vers la victoire. Il accentuera même son écart sur les portions roulantes jusqu'à Salers. Moi je vois revenir Vincent et à bout de force je ne pourrai m'accrocher. 3ème... et forcément un peu déçu. Mais ça aura été une des éditions les plus disputées et certainement avec les pires conditions météorologiques !

Vincent et Eric avaient simplement bien plus envie que moi d'accrocher leur nom au palmarès !

Classement top 10 : 
1. Eric Vialat 3h13'24
2. Vincent Pagès 3h15'33
3. Anthony Gauthier 3h16'19
4. David Lacoste 3h20'40
5. Guillaume Monier 3h31'04
6. Valentin Termenière 3h36'20
7. Christophe Contant 3h37'39
8. Victor Fritz 3h37'49
9. Franck Gely 3h38'15
10. Alexandre Parisot 3h40'16

Le dernier concurrent bouclera la course à 18h... soit 9h après son départ de Salers ! Il faut en avoir du courage.

Maintenant place au XCO ! Championnat régional dans 15 jours et surtout retrouver "perdre les formes pour retrouver la forme" d'ici 1 mois.

Merci à Horus Spiruline et Pharma2M pour m'aider dans ma récupération/préparation.



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