vendredi 26 août 2016

Lozérienne : badaboum

La Lozérienne est certainement une des plus belle épreuves que j'ai eu à disputer. Je suis très fier d'avoir remporté l'édition 2014 avec toute la pression psychologique qu'avait entraîné cette course. Le format type rallye avec enchaînement de spéciale met l'organisme et le mental à rude épreuve car la course peut basculer à chaque chrono. Cette édition 2016 s'annonçait intense avec au départ des coureurs qui eux aussi voulaient laisser leur nom sur le gros trophée. A peine une semaine de décompression après la finale de la coupe de France et hop il faut s'y remettre. C'était pas trop mal engagé mais malheureusement je n'ai pu faire autrement que de serrer la main à mon pire ennemi : l'abandon...


Le prologue à La Canourgue :

Vidéo du prologue ICI

Le principe de la Lozérienne repose sur un enchaînement d'étapes séparées par des liaisons. Le tout commence le vendredi à La Canourgue avec un prologue qui comprend 2 manches se disputant par 4 coureurs. Le groupe s'élance sur une boucle semi-urbaine de 2km une première fois par ordre de dossard puis une seconde fois par l'ordre établit par les chronos de la première manche. Je vais m'élancer à chaque reprise avec le meilleur groupe. La grosse bosse du départ fait des dégâts et ensuite il faut conserver de la lucidité pour les ruelles étroites de la ville. Le premier tour brûle vraiment les poumons et nous sommes tous à l'agonie à l'arrivée (classement manche 1). Je vais être dans le dur au second passage et je perds des secondes précieuses pour le lendemain : en effet les départs se font par 4 toutes les 20 sec et il est important d'avoir le rythme des meilleurs (classement manche 2).
Je termine 6ème de ce prologue, à 22sec de Florent Pelizzari et aussi derrière Damien Guillemet qui mène en master30.
Cette 6ème place implique que je partirai dans le 2ème groupe de 4 coureurs. Point négatif : je n'aurai pas l'allure des meilleurs. Point positif : cela permet de les avoir en point de mire et du coup si je rentre plusieurs fois sur eux, à chaque fois j'aurai repris 20sec... pas mal comme stratégie, mais il ne faudra pas s'exploser à vouloir revenir trop rapidement.

Samedi :

Vidéo de la journée ICI

Qui aurait cru tomber sur une météo aussi moche en Lozère fin aout ? Il pleut, il fait froid : la journée risque d'être longue et éprouvante, aussi bien pour les coureurs que pour les vélos.

La première spéciale se dispute en "mass start" (tout le monde part ensemble) sur 10km en boucle au départ du Massegros. D'entrée je sais qu'il faut se placer à l'avant pour grappiller les précieuses secondes perdues la veille. Florent va me passer et imprimer son rythme. Dernière ça fait vite l’écrémage et on se retrouve à 2 avec Adrian Cayrel, le leader en junior. Je termine 2ème à 6sec de Florent et du coup je me retrouve 3ème du classement général provisoire. Peu importe, les grilles ne seront pas modifiées d'ici dimanche, mais c'est encourageant. (classement spéciale 1)

La liaison va nous amener à Cauquenas après 21km de boue, de pluie et de froid. Dommage, la vue sur les gorges du Tarn était bien tristounette !

La spéciale 2 relie Cauquenas à St Chély du Tarn. Les hostilités en groupe de 4 commencent donc par une longue bosse assez roulante où je grignote du temps sur Damien que j'ai devant moi. La grosse difficulté arrive avec la descente du Chateau de la Caze, très sinueuse, parfois bien engagée et surtout bien glissante avec cette météo. Je vais y perdre pas mal de temps sur la tête de course et je me retrouve bien seul sur la fin de spéciale quand il faut traverser le Tarn puis allez en direction de St Chély. Il y aura eu du portage en descente et en montée ! Je termine 5eme mais je perds beaucoup de temps. (classement spéciale 2)

Direction St Enimie par la route (5km) pour rejoindre le départ de la prochaine spéciale. Petit couac de l'organisation avec énormément d'attente dans le froid. Nous avons 2h de retard sur l'horaire prévu mais les conditions météo et les différences de niveaux entre coureurs sont des freins au bon déroulement du programme.

La spéciale 3 va surement faire des dégâts : une montée sèche de 5.5km (530m de dénivelé positif) qui relie St Enimie au domaine du Boisset où nous devons prendre le repas... il est plus de 15h. C'est le moment ou jamais de reprendre du temps en revenant sur le groupe de tête. Je produis mon effort et je récupère 2 coureurs, les 2 autres je ne les verrais que de loin. J'arrive même à les lâcher pour finir 2ème de cette spéciale. (classement spéciales 3)

En concertation avec les autres coureurs, on demande l'annulation de la toute dernière spéciale compte tenu de la météo et du retard accumulé. C'est un coup à terminer à 20h et les organismes sont déjà bien marqués.

On prend donc le dernier départ sur finalement un cumul liaison+spéciale4 qui se transforme en un unique chrono de 12.5km. Dernière possibilité pour moi pour remonter. Le départ est plutôt roulant et gras. Je reprends Adrian Cayrel puis Damien Guillemet. Ce dernier me lâche dans la difficile descente qui nous amène à traverser une nouvelle fois le Tarn. Là je retrouve Damien et Robin Bonassi victime d'une crevaison. Je vais tout donner pour faire grandir les écarts. Je termine encore 2eme derrière l'intouchable Florent Pelizzari, mais je remonte également 2ème au classement général ! (classement spéciale 4)

On en termine avec ces 62km dont 36 de chrono pour 2200m de D+ et 2570m de D-.

Le vélo et le bonhomme ont bien besoin de repos avant d'attaquer la dernière journée qui cumule 53km dont 35km de chrono (1400 D+/1700D-), sans les échauffements et déroulages d'après spéciales...

Dimanche :


Video de la journée ICI

La spéciale 6 relie Le Bleymard à la station du Mont Lozère. Encore une étape en mass star de 13km pour 600m de D+. Ca va piquer !
D'entrée Forent Pelizzari imprime un gros rythme et va se détacher. De toute manière la course se joue maintenant derrière car nous sommes 4 dans un mouchoir de poche. Ca s'observe beaucoup et j'essaie de produire une cassure sur le sommet. Damien, 3ème du général, reste dans ma roue à l'arrivée. Je termine 3ème, mais dans un groupe de 5 pour la 2ème place. (classement spéciale 6)

Nouveau couac de l'organisation qui va pas mal influencer la course : un problème de chronométrage est survenu sur la spéciale 4 et du coup la mise en grille n'est pas bonne. Stratégiquement Damien Guillemet devrait partir avec moi, nous avons 32sec d'écart, et ils l'ont mis dans la ligne suivante, ce qui fait que si Damien me reprend sur les 2 prochaines étapes et me marque, il terminera le week-end avec 8sec d'avance...

C'est donc avec pas mal de pression que je prends le départ de la spéciale 7 de 8km qui attaque par un single d'Enduro et remonte à la station. J'arrive à coller à Florent jusqu'à ce que je doive stopper pour retirer une branche enroulée autour de mon disque. Je repars 4ème et un peu trop rapide dans une section en bruyère vraiment mal aménagée, je vais chuter lourdement quand ma roue avant se coince. On a du faire 2 ou 3 km. Je tombe sur l'épaule et je comprends immédiatement que la suite va être compliquée. Je touche mes os et je ne trouve rien d'anormal. Je repars donc prudemment mais à chaque secousse il m'est impossible de tenir le guidon avec ma main gauche. La douleur est trop vive. Je sers les dents et je termine tout de même la spéciale la mort dans l'âme en accusant 5min04 de retard sur Florent. (classement spéciale 7) Le podium s'envole, je me retrouve 5ème du général et ce sera peut être mon premier abandon depuis presque 3 saisons. Direction les secours pour faire le bilan.

Le médecin m'examine et me dit qu'il faut arrêter l'épreuve... et partir aux urgences pour faire une radio. Pour lui il n'y a rien de cassé sinon je souffrirai plus que ça, mais il faut contrôler. Je ne suis pas chochotte, mais si j'abandonne c'est que j'ai mal et il doit forcément y avoir un truc qui cloche.

Verdict : fracture du trochiter huméral gauche, non déplacé, donc pas d'opération nécessaire mais 1 mois d'immobilisation totale et 2 mois de rééducation. Adieu la fin de saison et surtout mes envies de performer lors du championnat de France Master de cyclo-cross ! Repos et reprise en douceur...

Classement final ICI.





Cette épreuve aura encore été une belle aventure. Sportivement j'étais dans le coup et surtout je m'apperçois que malgré mon manque de sorties longues je digère plutôt bien ce genre d'épreuve. Il faudra revenir !

1 commentaire:

  1. Mince...pas cool, tu as au moins la chance d'avoir évité l'opération, ce qui permettra une rééducation plus rapide (ou plutôt moins longue...). Je sais de quoi je parle, il m'est arrivé la même chose il y a quelques années.
    En tout cas, félicitation pour tes résultats cette saison et c'est toujours un plaisir de lire tes récits de courses. Bon rétablissement!
    Un vététiste croisé sur les Ufolep de début de saison.

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